mercredi 13 août 2014

2014 08 13 NORVÈGE 30 - OSLO MUSEES 1

  
MUSÉES DE L'ÎLE DE  BYGDØY

Au bout de la presqu’île de Bygdøy où nous sommes installés, grande concentration de musées ; Musée de la Marine norvégienne, Musée du Fram, Musée du Kon Tiki, Musée des navires Vikings, Musée Folklorique norvégien, Musée de l’Holocauste.

Nous allons à pied à la pointe de la presqu’île (4 kms environ) pour visiter ces musées ; en chemin, nous passons devant un immense domaine agricole qui appartient à la famille royale, dont les prés sont occupés par des centaines d’oies, un tableau assez inédit, car nous avons l’habitude de voir ces volatiles se regrouper surtout en bord de mer ou de lac.


FERME ROYALE




MUSEE DE LA MARINE

Nous commençons par le musée de la Marine ; on connaît l’importance de la mer pour les Norvégiens et donc de leur marine, marchande s’entend, car c’est la septième du monde. Beau bâtiment en briques avec une pointe effilée s’avançant sur le fjord tel un bateau ; deux étages et un auditorium en sous-sol, d’innombrables documents sur les techniques et les évènements importants de l’histoire de la marine, tableaux, outils, instruments de navigation, et surtout de très belles maquettes de bateaux de toutes sortes, de toutes catégories, de toutes les époques ; certainement très intéressant pour les amateurs et professionnels de ce milieu, mais pour nous, c’est vite lassant, d’autant que nous ne pouvons pas comprendre les explications correspondant à tous ces éléments exposés. Nous ne passerons pas beaucoup de temps ici, mais nous comprenons qu’il s’agit d’un beau musée tout de même.


FRAM MUSEET

Il en sera autrement avec le musée voisin : le FRAM MUSEET.

Ce musée est divisé en deux structures jumelles reliées par un tunnel, chaque structure étant construite autour d’un navire polaire, le « Fram » pour l’une, le « Gjøa » pour l’autre, deux navires témoins d’aventures extraordinaires au sens premier du terme, avec des hommes non moins extraordinaires. Nous retrouvons un peu la conception et l’aménagement du « Vasamuseet » de Stockholm. Enfin, un très beau musée, un modèle !





LE FRAM 


En entrant dans le hall du « FRAM », on est écrasé littéralement par la masse imposante du bateau : 39 m x 11 m, conçu par et pour Fridtjov NANSEN pour être soulevé par les glaces de la banquise au lieu d’être écrasé par leur masse en mouvement. NANSEN navigua avec le FRAM en direction du pôle Nord en 1893 dans le but de se faire prendre par la glace puis de dériver ; prisonnier de la banquise, il dériva effectivement pendant trois ans, avant de tenter de gagner le pôle en traineau ; sans succès, il dut abandonner, mais en battant le record de latitude nord, ce qui lui vaut une renommée internationale.





Sur trois étages, autour du bateau, sont exposés un nombre incalculable de documents sur le bateau, les hommes, les évènements, les études réalisées, les découvertes, les techniques, les peuples rencontrés lors des expéditions, comme les Inuits...les vêtements, les outils et instruments, etc.. ; tout est très bien agencé, bien présenté, très pédagogique sans être rébarbatif, et surtout, nous avons des bornes interactives en plusieurs langues (dont le Français, pour une fois !) qui permettent de bien comprendre les documents présentés et de s’y intéresser. On est captivé ; on peut, par exemple, réaliser quelle a été la vie quotidienne de ces marins et découvreurs, sur terre comme sur mer, en ville comme sur les pôles ; on découvre le rôle très important de héros comme Amundsen ou Nansen, mais aussi beaucoup d’autres explorateurs et scientifiques, inconnus pour nous, mais qui ont eu leur part de gloire et de mérite. Nous pourrons aussi parcourir les coursives du bateau et voir dans chaque pièce : chambre, bureau, poste de travail, salle des machines, salle à manger, cuisine, etc.. beaucoup d’objets et d’éléments qui nous font découvrir la réalité de la vie quotidienne à bord du navire, outils, instruments, armes, ustensiles, vêtements, livres, cahiers, etc...ayant appartenu à Amundsen, Nansen et à bien d’autres héros comme aux simples hommes d’équipage.








SEXTANT

PARALLELES ET MERIDIENS


Fridtjof NANSEN (1862-1930)



est un explorateur polaire, un scientifique et un homme politique de premier plan, homme d’Etat et diplomate, qui aura en 1922 le prix Nobel de la paix pour son action en faveur des personnes déplacées de la première Guerre mondiale ; il crée le « passeport Nansen » pour les apatrides ; Haut Commissaire pour les Réfugiés à la Société des Nations, son action sera poursuivie par l’Office International Nansen pour les Réfugiés créé par la SDN, lequel Office recevra à son tour le prix Nobel de la Paix en 1938, huit ans après sa mort.

Un homme exemplaire qui sera le premier à traverser l’intérieur du Groenland en 1888 ; bien qu’il termine assez tôt ses aventures polaires, il aura eu une très grande influence dans le milieu des explorateurs en leur donnant des techniques et des moyens de locomotion et de survie qui ont permis d’autres exploits sur les régions arctique et antarctique.

Scientifique, zoologue, ses travaux permettront de grandes avancées sur les connaissances en neurologie ; océanologue, il fera de nombreuses expéditions en Atlantique Nord et contribuera au développement d’équipements océanographiques modernes.


LE GJØA 


Dans la deuxième structure du musée, nous découvrons le bateau « GJØA », plus petit que le « FRAM » : 21 m, un ancien bateau pour la pêche aux harengs, qui a permis à Roald AMUNDSEN et ses cinq équipiers de découvrir le premier entre 1903 et 1905 le passage du Nord Ouest entre l’Atlantique et le Pacifique, par le Grand Nord Canadien. Il sera le seul explorateur à ouvrir ce passage, jusqu’en 1977, où un voilier renouvellera son exploit ; mais à ce jour, cette route n’est toujours pas utilisée car trop difficile et dangereuse.





C’est au cours de cette expédition qu’AMUNDSEN s’initiera à la culture Inuit, apprenant leur langue, leur technique d’attelage des chiens, l’utilisation de vêtements plus appropriés pour le froid et l’usage des skis ; cette expérience sera la raison principale de son succès plus tard dans son expédition au pôle sud.







Nansen prêtera à Amundsen le « FRAM » avec lequel il aborde le continent antarctique en 1911 avec six compagnons ; il atteindra le Pôle Sud le 14 décembre de cette année-là, 33 jours avant son concurrent, l’Anglais Robert Falcon Scott qui malheureusement périra au retour après avoir atteint aussi le pôle.


AMUNDSEN ATTEINT LE PÔLE SUD 

SCOTT AVANT SON DÉPART POUR LE PÔLE SUD

Après d’autres explorations en bateau et en avion, Amundsen est le premier homme avec quatre autres personnes à bord d’un dirigeable italien  à survoler le pôle nord le 11 mai 1926.

Il disparaitra le 18 juin 1928 à bord d’un hydravion de la marine française, avec un équipage français de quatre personnes et un pilote norvégien, au nord du Svalbard, alors qu’ils partaient en mission de recherche et de sauvetage d’un dirigeable italien écrasé sur la banquise au pôle nord.



Les  deux super structures abritant les bateaux sont reliées entre elles par un long tunnel qui présente lui aussi des documents (textes et photos) sur les nombreuses expéditions de découverte effectuées vers les régions polaires et le Canada, le Groenland, par des personnages très connus pour certains (Cartier, Champlain), d’autres plutôt inconnus. L’occasion d’apprendre beaucoup sur la capacité de l’homme à se surpasser, à aller au-delà des limites du possible, mais aussi, à réaliser la qualité des connaissances, le savoir et le savoir faire de ces découvreurs, explorateurs, scientifiques de ces siècles passés, et de leur vouer beaucoup d’admiration d’une part, beaucoup de remerciements pour tout ce qu’ils ont apporté aux générations suivantes dont nous bénéficions sans nous rendre compte du chemin parcouru pour nous le rendre banal, évident.

Nous n’oublierons pas que nous leur devons d’avoir vécu notre propre aventure en Antarctique en 2012, en toute modestie s’entend.



LE MUSEE DU KON TIKI



LE « KON TIKI »

Un grand hall présente le « KON TIKI » (divinité du soleil), radeau en balsa construit selon le mode des indiens du lac Titicaca au Pérou, avec lequel l’anthropologue norvégien Thor HEYERDAHL (1914-2002) entreprit en 1947 de faire la traversée Pérou-Polynésie française, soit 8000 kms en 101 jours ; son but était de prouver que les premiers habitants de la Polynésie avaient pu venir d’Amérique du sud et non de l’Asie plus proche.

Thor HEYERDAHL 

LE KON TIKI


DE LIMA A TAHITI


LE « RA II »

Un deuxième hall présente un autre type de radeau, plus petit, en papyrus celui-là, le « RA II », avec lequel Thor Heyerdahl fit en 1970 la traversée du Maroc vers les Barbades avec cinq équipiers, cette fois pour prouver que des Egyptiens auraient pu traverser l’Atlantique et influencer les cultures amérindiennes.




Thor HEYERDAHL 

Des documents, photos, lettres, dessins, complètent notre connaissance de ces hommes courageux qui ont affronté des conditions de navigation et de vie à bord souvent très difficiles pour apporter leur contribution à la connaissance des civilisations ; et même si leurs théories ou leurs conclusions peuvent prêter à scepticisme ou polémique, il n’en reste pas moins que ce sont des personnages extraordinaires. Donc, visite très intéressante.




MUSEE DES BATEAUX VIKINGS

Nous trouvons dans ce musée les trois seuls exemplaires de bateaux authentiquement vikings retrouvés en Norvège. Leur état exceptionnel de conservation pour deux d’entre eux est dû à la nature argileuse du sol et au tuf qui protège de l’air et de l’eau.


Le musée est construit en forme de croix.

Dans la nef, est placé le « bateau d’Oseberg » (nom du lieu de la découverte), trouvé au début du XXème, long de 22 m, manoeuvrable à la voile comme à la rame ; il fallait pas moins de 30 hommes pour le faire avancer.




Dans l’aile gauche, le « bateau de Gokstad », découvert en 1880, long de 24 m, datant du X°, et contenant les restes d’un homme présumé âgé de 60 ans.





Dans l’aile droite, le « bateau Tune », du X°, retrouvé en 1867, dans un état trop critique pour le reconstituer ; seuls des vestiges sont conservés, la coque essentiellement.








Ces bateaux étaient en fait utilisés pour les funérailles de personnages importants ; ils étaient ensevelis avec leur mobilier dans des chambres funéraires placées sur le bateau ; ainsi, on a retrouvé des quantités importantes de bijoux en or, d’objets usuels, vêtements, chaussures, en bon état de conservation plus de mille ans après la mort de leur propriétaire.

Plus extraordinaire encore, la présence de chariots funéraires richement sculptés, de têtes de dragons, de chats ou d’étranges animaux, des visages humains, d’entrelacs, très belles pièces sculptées, ces chariots étant soit sur roues, soit sur patins pour glisser sur la neige. Des clous de cuivre achèvent parfaitement l’ornementation de ces objets, chariots, coffres, etc





Le bateau de Gokstad comportait trois petits bateaux qui sont quasi identiques aux bateaux traditionnels encore utilisés de nos jours dans l’ouest de la Norvège.




LE MUSEE FOLKLORIQUE NORVEGIEN


Considéré comme l’un des plus anciens du monde (ouvert en 1894), en tout cas le plus grand de Norvège, ce musée en plein air de la culture populaire norvégienne occupe un vaste parc et présente plus de 150 bâtiments représentant l’architecture rurale en bois de différentes régions de Norvège.


La visite de ces divers bâtiments reliés par des chemins sinueux sur un parcours étendu et avec force pentes et descentes oblige à faire en même temps un peu de sport !


On examine ainsi toutes les formes de construction, bien différentes d’une région à l’autre ; bergeries, étables, greniers, habitations, auberge....







L'ANCRÊTRE DU FER À REPASSER

L'ANCRÊTRE DU MOULIN À CAFÉ



ANCIENNE BORNE KILOMÉTRIQUE


Dans une « maison », une jeune femme, en habit traditionnel d’époque, comme il se doit,  est en train de faire des crêpes à l’ancienne ; il pleut un peu dehors, et nous profitons de l’aubaine pour rester à l’abri et regarder le déroulement des opérations pour aboutir à la crêpe garnie (de beurre) que nous mangerons bien volontiers (pour 50 NOK le quart : 6 € environ) ; elle était excellente avec un bon goût de froment en bouche.




Nous aurons droit aussi à un spectacle d’un groupe de trois personnes en habit, avec violon, présentant quelques danses et chants traditionnels pendant quelques vingt minutes.










 STAVKIRKE DE GOL

Le point d’orgue est incontestablement l’église de Gol entièrement démontée et déplacée depuis ce village vers ce musée où elle a été remontée tout aussi entièrement depuis 2011 (restauration terminée cette année seulement). Même si elle n’est ici qu’une pièce de musée parmi d’autres, elle n’en est pas moins très belle et très bien conservée.










CENTRE D’ETUDES DE L’HOLOCAUSTE

Nous n’avons pas visité ce centre, mais il est bon de savoir que la Norvège a souffert, comme beaucoup de pays européens, de la folie nazie entre 1940 et 1945. Le centre a été aménagé dans la villa de Vidkun Quisling, leader du parti nazi norvégien, exécuté en 1945 pour sa collaboration et ses crimes pendant la guerre ; sur les 1536 Juifs enregistrés en 1942, la moitié a été déportée et tuée dans les camps.


A propos de cette guerre, un fait d’armes à signaler ; en avril 1940, les Allemands envahissent le Danemark et la Norvège ; Hitler envoie un corps expéditionnaire à Oslo pour s’emparer du roi et de son gouvernement qui lui sont hostiles ; mais, dés l’apparition du croiseur allemand dans le détroit du fjord face à Oslo, le commandant du fort fait envoyer par le fond ce bâtiment, entraînant avec lui plus de mille hommes dont ceux qui devaient capturer le roi et sa famille. Ce fait d’armes a permis au roi Haakon VII de fuir vers l’Angleterre où il a pu, à l’instar d’autres responsables : De Gaulle, la Grande Duchesse de Luxembourg, continuer la lutte contre l’occupant nazi.

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